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jeudi, 27 novembre 2008 19:00

Chronique humeur - Ces choses que l’on ne saurait voir

On a mis du temps à tourner nos yeux vers le Rwanda. On a mis du temps à comprendre l’étendue des dégâts, à concevoir le désastre, à utiliser le mot génocide. Sommes-nous en train de faire la même erreur avec le Congo ? On parle de la crise comme si elle n’était présente que depuis le mois d’août pourtant, les atrocités sont présentes depuis bien plus longtemps que cela dans l’ouest du continent africain. Aujourd’hui, les combats perdurent entre les forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Plus de 13 000 ressortissants ont trouvé refuge en Ouganda depuis trois mois. Chaque jour, des femmes et des jeunes filles sont violées. Médecins sans frontières (MSF) a d’ailleurs soigné près de 5 700 victimes de violence sexuelles entre janvier et octobre, dans la région du Nord-Kivu. Pour ajouter à l’horreur, près de 2 000 cadavres viennent d’être découverts dans deux fosses communes de l’est de la RDC. Vous imaginez un peu le portrait ? 2 000 squelettes, dans l’anonymat le plus complet. 2 000 vies humaines déterrées dans la plus grande indifférence. 2 000 Américains meurent et on en parle pendant 10 ans. 2 000 Congolais meurent et on en parle pendant 10 minutes. Pendant ce temps, nous, on s’obstine sur des choses beaucoup plus importantes : le débat des chefs. Pire encore, on ne s’obstine même pas. Non. Faudrait surtout pas manquer d’objectivité. De toute façon, beaucoup plus facile de dire que c’est un match nul. Maudite misère. 

2 000 Américains meurent et on en parle pendant 10 ans. 2 000 Congolais meurent et on en parle pendant 10 minutes. Pendant ce temps, nous, on s’obstine sur des choses beaucoup plus importantes : le débat des chefs. Pire encore, on ne s’obstine même pas. Non. Faudrait surtout pas manquer d’objectivité. De toute façon, beaucoup plus facile de dire que c’est un match nul. Maudite misère. 

Samuel Thibault