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jeudi, 25 janvier 2018 07:39

Changement du nom de la rue Ostiguy : la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly demande l’abandon du projet

M. Paul-Henri Hudon M. Paul-Henri Hudon

La Société d’histoire de la seigneurie de Chambly (SHSC) a adopté une résolution, lors de son conseil du 24 janvier, demandant formellement à la Ville de Chambly de rétablir le comité de toponymie et de revenir sur sa décision de modifier le nom de la rue Ostiguy en rue Petrozza. 

L’importance de maintenir la rue Ostiguy

Pour le président de la SHSC, Paul-Henri Hudon, la rue Ostiguy doit être maintenue, car la commémoration de ce personnage et son histoire passent aussi par son emplacement.  Anciennement un chemin privé servant d’accès au hangar de Joseph Ostiguy, l’actuelle rue a été reliée, en 1949, au prédécesseur de l’actuel boulevard Périgny pour permettre de desservir la Quincaillerie Duclos. Établissement ouvert jusque dans les années 80.

« Joseph Ostiguy a non seulement été maire de Chambly, mais il a aussi instauré la première centrale téléphonique et construit le premier aqueduc et le premier égout parce qu’il n'y en avait pas un.  Il a vraiment modernisé Chambly à son époque » dit monsieur Hudon.  Selon lui, le nom de la rue et son emplacement servent à marquer  ce passé et ces accomplissements qui pourraient autrement tomber dans l’oubli.  « Quand on nomme une rue c’est pour commémorer, pas honorer.  Quand on dit commémorer, on veut dire « rappeler à la mémoire des gens ceux qui ont contribué à l’essor, l’avancement, le rayonnement de la localité » martèle-t-il. 

Colborne : garder le mal comme le bien

Quant au retrait du nom de Colborne pour le remplacer par celui d’Ostiguy, Paul-Henri Hudon est d’avis que l’histoire doit se raconter même lorsqu’elle nous déplaît. Pour lui, les personnages qui ont influencé le monde actuel par leurs actions ne doivent pas être « nettoyés du passé », car le présent en est sa conséquence quoi qu’on en dise. « Oui Colborne on ne l’aime pas.  C’est un bonhomme désagréable. Les Anglais pour eux c’est un héros.  Pour eux il a mis de l’ordre, pris le contrôle avec les patriotes. Il a fait partie de ce qui s’est passé avec les patriotes à cette époque-là » dit-il. «Quand on nomme quelque chose, on commémore, on n’honore pas », répète-t-il.  « Colborne, il a du sang sur les mains.  C’est vrai.  Si on enlève tous les gens qui ont du sang sur les mains, il ne restera plus grand monde.  À commencer par Jacques de Chambly qui avait comme mission en venant ici « d’exterminer les iroquois ». Et Salaberry lui? » dit-il. 

Selon Monsieur Hudon, la commémoration de notre histoire doit rester neutre de tout mouvement politique ou faveur populaire du moment.  « On fait quoi si un prochain maire au nom de la laïcité décide que toutes les rues ayant de noms de saints doivent changer? Et la rue des Oblats? Des Jésuites? » questionne-t-il. C’est une des raisons énumérées par la SHSC pour demander le rétablissement du comité de toponymie.

La rue Petrozza : l’embarras du choix

La SHSC n’est pas contre le projet de commémorer le patriarche de la famille Petrozza et fondateur du restaurant  Tre Colori en nommant une rue en son honneur. Paul-Henri Hudon plaide en faveur de la modification d’une rue commémorant plutôt un nom qui n’a pas de signification historique pour la ville de Chambly et ses habitants.  Il suggère entre autres les rues Vaillant et Léopold.  « Ces rues-là, on ne sait même pas qui sont ces gens ! » s’exclame-t-il. « Churchill, Kennedy, qu’est-ce que ça veut dire ici? » offre-t-il aussi.

Lorsque confronté à la question de savoir si la rue Petrozza perdrait de sa signification si elle n’était pas à côté du restaurant Tre Colori, monsieur Hudon réplique « La maison Rouville n’est pas à côté de la rue Rouville et ça n’a jamais été un problème. »

Il déplore cette décision qui, d’après lui, ne semble pas avoir fait l’objet d’une réflexion avant son annonce. Selon lui,  le seul mécanisme capable de s’assurer que le choix des noms se fait de façon neutre et dans le respect des règles de la commission de la toponymie du Québec est d’avoir un comité de toponymie.  « Plusieurs personnes écrivent pour demander que leur père, leur grand-père,  etc,  soient honorés par un nom de rue ou de parc.  Le comité d’urbanisme reçoit régulièrement des demandes et est bien content que le comité de toponymie gère toutes ces requêtes » a-t-il conclu.

 

Marie-Eve Ducharme